Qui est Claude Deruet (1588 – 1660) ?

Claude Deruet, c’est un peu le gars qu’on ne cite jamais en cours d’histoire de l’art, mais qui mérite largement qu’on s’y attarde. Né à Nancy en 1588 (oui, ça commence à dater), il a vécu dans une époque où les cols étaient plus grands que les visages et où peindre des anges musclés dans des nuages n’était pas bizarre, mais tendance. Peintre officiel, chevalier, globe-trotteur, Claude avait plus d’une couleur dans sa palette !

Une jeunesse en Lorraine : pinceaux et potins

Claude naît à Nancy, capitale du duché de Lorraine, qui n’est pas encore française à l’époque (vive les frontières qui changent tous les 50 ans). Très jeune, il montre un talent pour la peinture, et on ne parle pas juste de dessiner dans les marges de ses cahiers.

Son premier coup de maître ? Entrer comme apprenti chez Jacques Bellange, le peintre maniériste à la mode de la cour ducale. Autant dire qu’il baigne très tôt dans un univers d’élégance, de poses alambiquées et de drapés qui défient la gravité.

Jacques Callot, Portrait de Claude Déruet avec son fils Henri-Nicolas, 1632
Hasekura Tsunenaga à Rome

Le grand voyage : direction l’Italie (et pas pour les pizzas)

Comme tout artiste qui se respecte à l’époque, Claude fait son grand tour en Italie, probablement vers 1612. C’est là qu’il rencontre le maître des maîtres, Le Caravage, ou du moins ses œuvres. On ne sait pas s’il a eu le temps de boire un espresso avec lui, mais ce voyage a clairement influencé son style, qui devient plus baroque que jamais : du mouvement, des effets de lumière, et toujours plus de personnages qui lèvent les yeux au ciel.

Il travaille même pour le pape ! Rien que ça. Et en 1619, il rentre au bercail avec un CV long comme un rouleau de parchemin.

Le roi, la noblesse et le pinceau d’or

De retour à Nancy, Claude ne chôme pas. Il devient peintre officiel du duc de Lorraine, et là, c’est open-bar pour les commandes : fresques, tableaux religieux, portraits. Il peint comme d’autres respirent.

En 1645, il atteint le sommet du glamour artistique : il est anobli par Louis XIII et reçoit le titre de chevalier. Oui, Claude Deruet devient officiellement un “peintre noble”. Attention à ne pas confondre avec “peintre noble à rien”, ce qui n’était clairement pas son cas.

La dame au chapeau, 1630
Cette huile sur toile de 1642, représentant Le Feu, l’un des quatre éléments, nous replonge dans la France de Louis XIII, où la personne du roi est théâtralisée lors d’une cavalcade. Effets pyrotechniques et lumières embrasent le tableau. Cette huile sur toile faisait partie d’un ensemble de quatre peintures – représentant chacune l’un des quatre éléments.

Un style bien à lui (entre baroque, bling et big drama)

Claude, c’était le roi du grand spectacle : il adorait les scènes mythologiques, les batailles célestes et les saints en transe. Un vrai metteur en scène avant l’heure. Ses œuvres sont souvent foisonnantes, très colorées, et parfois un peu théâtrales — mais c’est le baroque, on ne fait pas dans la discrétion.

Son tableau le plus célèbre ? Sans doute “Le Feu”, une huile sur toile, du château de Richelieu – château aujourd’hui disparu. Certains décors ont été sauvés et sont aujourd’hui conservés au Musée des Beaux-Arts d’Orléans. Gestuelles, composition, expressions et représentation du feu sont évoquées.

Une fin de vie tranquille (mais pas sans panache)

Claude finit ses jours dans son hôtel particulier à Nancy (toujours classe), où il continue à peindre, former des élèves, et probablement raconter ses exploits italiens à qui veut l’entendre. Il meurt en 1660, à l’âge honorable de 72 ans.

Aujourd’hui, ses œuvres sont conservées notamment au musée des Beaux-Arts de Nancy, qui lui rend hommage. Il est un peu tombé dans l’oubli, mais ceux qui le connaissent l’adorent pour son style flamboyant et son énergie picturale débordante.

Madame de Saint-Baslemont, 1646, musée des Beaux-Arts de Nancy.

Claude Deruet, c’est un peu comme ce cousin excentrique qu’on oublie d’inviter mais qui met le feu à la fête quand il débarque. Artiste baroque, globe-trotteur inspiré, chevalier peintre… il mérite bien sa place dans le panthéon des artistes français, même s’il reste dans l’ombre de Poussin ou Lorrain.

Alors la prochaine fois qu’on vous parle de peinture baroque française, glissez un petit “Et Claude Deruet, vous connaissez ?”… Histoire de briller en société.